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César DUBON

Les rues

Dans la ville, parfois, lorsque j’ai l’âme en peine,
Je parcours à vélo les quartiers animés
Et insensiblement, la nostalgie m’entraîne
Vers les lieux où jadis nous nous sommes aimés.

Rue des Arts, tu avais une chambre de bonne
Où je te rejoignais dans un sobre décor
Et en matière d’art, si ma mémoire est bonne,
J’y cultivais celui d’apprivoiser ton corps.

Nous eûmes un moment, dans la rue des Alouettes,
Un petit nid douillet où l’on se retrouvait
Afin d’y pratiquer de hardies galipettes
Sans même nous cacher sous un chaste duvet.

Une amie, en ce temps, dont nous étions complices,
Nous hébergeait parfois allées du Languedoc
Et pour y explorer l’intérieur de tes cuisses,
Je crois que tu trouvais, fille, ma langue ad hoc.

Lorsque je résidais avenue Jean Jaurès,
Je ne te faisais pas beaucoup de grands discours
Mais tu aimais venir y chercher ma tendresse
Pimentée comme il faut d’érotiques atours.

Nous avons fréquenté la rue sainte Cécile
Et bien qu’aucun de nous n’était lors musicien,
Il nous fût néanmoins, sur le plumard, facile
D’accorder nos violons sans le moindre soutien.

Parcourant aujourd’hui les rues qui s’enchevêtrent,
J’observe les balcons, les rideaux de velours,
Me disant qu’aussi bien l’une de ces fenêtres
Aurait pu héberger derechef notre amour.

Mais tu as fait ta vie ailleurs qu’en cette ville ;
De nous deux, je suis seul à y déambuler,
Enviant ces amants au destin plus fertile
Qui peuvent voir leurs jours bienheureux y couler.