Vos
poèmes

Sur l’étroite bande de sable,
Toute nue, je te vois courir
Dans la volonté charitable
De me faire un petit plaisir.

Tandis que septembre s’achève,
Postés à la croisée des vents,
Nous sommes seuls sur cette grève
Désertée par les estivants.

Nous sommes venus par la route
Qui longe les marais salants,
Escortés par la haute joute
Des oiseaux, dans le ciel, volants.

Nous avons laissé dans les ronces
Nos deux bicyclettes d’emprunt,
L’une contre l’autre, en quinconce,
Pour aller goûter les embruns.

Mais bien que le soleil rayonne
Sans faire encore son mesquin,
La vue de la mer qui moutonne
Ne nous incite pas au bain.

Ne nous reste que l’avantage
De nous croire des Robinson
Abandonnés sur ce rivage
Désert de l’arrière-saison.

C’est pourquoi, soudain charitable,
Pour me faire un petit plaisir,
Tu t’es mise nue sur le sable
Et a commencé de courir.

Je ne mesure pas ma chance
D’ainsi pourvoir me rincer l’œil,
Ce sont nos dernières vacances
Et, de l’amour, bientôt le deuil.