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Célédonio VILLAR GARCIA

Zwarte zwaan

De ton sépulcre veille sur le crépuscule inobservé
Que le charbon le plus brûlant de l’enfer nous soit réservé.
La voix tremblotante du soir qui berce les choses macabres
Des heures lasses endormies dans des tiroirs pleins de
[cadavres.
L’oreiller porte le poids mort des frissons du sol carrelé
Et des chuchotements d’ailleurs… J’ai cru que tu m’avais
[parlé !
Ta tombe à peine close dans la gueule d’une chienne
[errante
Traîne l’aurore qui se fout de moi comme de l’an quarante.
Inexplicablement du ciel chute le même guéridon
Et des mortes sans tête sur des bicyclettes sans guidon.
Je vois un poumon inviter tes narines pleines de terre
Dans ma bâtisse de vivant, sans en être propriétaire.
Du noir… Du noir… Rien que du noir… Le noir cauchemar
[de gamin
Comme si l’au-delà tombait de la rigole de ta main.
La grêle, briseuse de mots, de sa résonance naufrage
Dans la glacière de ta bouche une parole d’un autre âge.
J’entends en moi les rats du jour qui grignotent à grosses
[dents
Une tapette avec au bout du fromage rassis dedans.
À la verticalité d’une ombre attachée à ta cheville
Traînes-tu le mort horizon de celle qui pleure ta fille ?
Ce furoncle est le cœur que tes boyaux de terre broient,
[basta!
Au lourd pilon de sa douleur… Le squelette ne casse pas.
Le mépris de l’autre insensible aux morsures
[des scolopendres
Piquant de hargne ton enfer… Mais rien ne servirait
[de rendre
À cet autre ta haine morte, ensanglantée au fils des gnous
Couvrant une petite de sang animal jusqu’aux genoux.
Quand la nuit impose sa loi, qu’elle n’est plus qu’une
[hécatombe,
Sur le gravier glisse l’écho d’un bruit sourd comme un
[cœur qui tombe.
Toque à la porte de Cerbère avec ses trois barracudas
Où la pleine ombre de la nuit qui colle son œil au judas
Voit en l’étoile un ciel de lit, en l’être humain une fêlure
Puisque l’un d’eux tient sous son dais une innocente
[chevelure.
Couché sur elle un cygne noir noue les barbes-de-capucin,
Aux nœuds de ses cheveux ce monde et l’ombre de son
[assassin.