Des bribes d'aïeux reconstituées Et saignantes sur l'autel du démon... Deux âmes au moins ont été tuées ; Je vois la mère et le père de mon
Père se confondre et puis se dissoudre... Disparaître et puis réapparaître en Un habit de feu, d'éclairs et de foudre, De lune de miel, de ciel transparent.
Je vois naître Adam et coudre l'ancêtre Dans les bras de Eve un dur traversin. Rances dans ma bouche ils viennent de s'être Dilués dans une huile de ricin.
Un pied dans la tombe de Charlemagne, La main sur l'épaule de Croc-Magnon, Sur les routes d'une orageuse Espagne Au ciel épluché comme un rouge oignon !
Vertement je vois naître la première Lettre de mon nom en lettre de bois. L'ineffable heurt booster la lumière... Je me vois renaître et mourir deux fois !
Une larme à l'oeil que la sciure ausculte Sur l'ingrate glèbe au pied du mouleur, De bois, de frissons, de sueur me sculpte Dans un sabot le pied de la douleur.
Au bout de l'outil du vieil ébéniste, Ferré comme un chien au fond de l'étang, Mon ouïe appâte un bruit alarmiste ; Trois mots murmurés : Guten Tag Satan !