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Célédonio VILLAR GARCIA

Aux spioncelles des montagnes

Je suis un bonhomme de neige
Fait par les mains de trois enfants
Autour d’un pompon blanc de neige
Ma tête tourne aux quatre vents.

De leurs feutres tissant la toile,
Onze ans à eux trois, mes Rembrandt !
Ils me font naître près du poêle…
Deux petites, l’autre plus grand.

Sur la palette de Pech-Merle
Se mélange dans un i grec
Aux couleurs de neige à mon pairle*
L’ombre de Toulouse Lautrec.

Coups de couteau des peintres entrent
Dans ma graisse de glace, trois
Petites paires de mains centrent
Mon sang de lys au cœur des rois.

Un œil qui dans un œil s’areuille,**
Une bouche pour dire chut !
Plié en quatre dans la feuille
Je m’en vais vers mon C.H.U

Étant un cadeau de faïence
Ivre des choses du salon
Je suis muré dans le silence
De la poche d’un pantalon.

Don de mes maîtres à leur oncle,
Des frissons tâtent mon poncho
Comme la griffure de l’ongle,
L’enveloppe du marron chaud.

Mes os de neige dans l’étroite
Couche du soir dégingandé
S’allongent sur la ligne droite
De l’horizon enguirlandé.

Dès lors, me mettent des mains folles
Dans la machine à laver pour
Danser avec mes jambes molles
La folle ronde du tambour.

De mon X tombe l’excessive
Neige. De l’onyx du hibou,
Entre les S de la lessive
Je suis tombé dans l’eau qui bout.

Je suis la soif et le breuvage
De la farlouse dans les prés.
L’inexpiable eau de rinçage
Calque ma mine à ses degrés.

Vers quel autre futur irais-je ?
Sandale aux doigts sans doigts de pied !
L’aube qui bâille désagrège
Ma papillote de papier.

J’étais, nom d’un petit bonhomme,
Un chant d’amour ! Mon héritier,
À l’aiguille du métronome,
Me coud d’une douce pitié.


*Pièce héraldique en forme d’Y.
**Écarquiller les yeux.