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Barthy TARDIER

Les Mystères (chant royal)

Ô toi, Mignonne, ô tendre créature,
Toi, celle qui, mes yeux croisant les siens,
Adoptera bien charmante posture,
— Et m’a guidé chez les parnassiens ;
Toi qui poursuis mon cœur avec instance
Et qui pourtant, dans telle circonstance,
Jusqu’à l’excès feins la pudicité :
Que me vaut donc cette duplicité ?
Pourquoi, soudain, ces conduites austères
Quand nous anime une complicité ?
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?

Et toi, la Muse, inspirant l’écriture,
Ou bien la danse, ou les musiciens,
Suggérant l’œuvre et encor sa facture,
— Pouvant troubler jusqu’aux béotiens ;
Toi dont, féal, j’invoque l’assistance
Pour composer un poème, une stance :
Pourquoi m’assaille une incapacité,
Ce jour, à clore un sonnet suscité
Précédemment par tes doux ministères ?
Pourquoi, soudain, me ceint l’opacité ?
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?

Et quant à toi, vénérable Nature,
Temple vivant dont les physiciens
Travaillent tant à percer la structure ;
Toi, qui selon des mots éphésiens,
Aimes se perdre, et dont la résistance,
Quelle que soit l’échelle de distance,
Laisse à jamais dans la perplexité ;
Toi, celle qui, par sa complexité,
A pu braver les plus grands caractères
Et défier toute sagacité :
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?

Ô toi, logos, lieu de la conjecture,
Ciel idéal des platoniciens,
Où l’on verra sans doute, à l’aventure,
Un sage ici, — là des logiciens ;
Toi, monde ardu aux maints concepts (substance
Et accident, essence ou existence, …),
Vastes hauteurs où la nécessité
Comme sa sœur l’apodicticité
Constitueront les ultimes critères
Sur quoi fonder toute véracité :
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?

Ô Toi, le Dieu de la sainte Écriture,
Toi, dieu védique, ou des mythes anciens ;
Toi, dont l’humain est la caricature
Et qui, dit-on, reconnaîtras les siens,
— L’immense aimant à la noble prestance,
Dont rien ne peut entamer la constance,
Et dont le Fils aura ressuscité ;
Ou toi, le dieu dont sera récité
Le moindre exploit dans bien des monastères ;
Ou encor toi, le dieu de la cité :
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?

Ô toi, l’Étant, ô toi, l’Unicité,
Toi dont le nom est tant de fois cité :
Tous mes savoirs semblent si fragmentaires ;
Serai-je un jour dans la félicité ?
Saurai-je, un jour, découvrir tes mystères ?