Ô cité du soleil couchant, reine au flanc de colline, Dont les remparts ocreux,comme un serpent, s'inclinent Devant l'ampleur du ciel,immense et souverain, Toi qui dors à l'ombre des portes de l'airain.
Bab El-Mansour, géant de pierre et de mosaïque, Garde dans ton fronton l'arabesque mystique, Arcade où le temps bat d'une aile nonchalante, Sous le vol des martinets,une rumeur troublante.
Des cavaliers d'antan, dans la poussière d'or, Ont gravé leur épopée aux murs de ton trésor. Les étals de la médina,gorgés de lumière, Exhalent le safran,le cuir et la bruyère.
Et je songe, perdu au détour d'une venelle, Aux mains fines tissant la laine solennelle, Au chant du fontaine fraîche en son bassin de faïence, Qui conte aux visiteurs une ancienne romance.
Sous le dôme vert du Saint, paix et recueillement, L'encens mêle sa vie au silence dormant. Les oliviers alentour,témoins des vieux royaumes, Balancent doucement leurs feuilles comme des baumes.
Et quand la nuit descend, parure constellée, La ville se fait conte,douce et envoûtée. Les lampes des souks meurent dans un dernier frisson, Meknès n'est plus qu'un songe au cœur du Maroc profond.
