Il est un homme au coin du soir taciturne, Dont l’âme erre en un palais désert, Où chaque pas fait naître une nocturne Écho de vide où l’espoir s’est perdu. Son cœur est pierre en un jardin sans roses, Sa table met un couvert orphelin ; Les mots qu’il tient sont autant de cloisons Entre son être et le monde enfantin. Par les carreaux où glisse la bruine, Il voit passer des rires enlacés Spectre muet, il porte en sa poitrine Un froid soleil qui ne s’est jamais levé. Les jours sur lui tombent comme des cendres, L’horizon dort sous un linceul de gris. Il sait l’art sourd des silences qui fendent L’air épais des présences impartis. Ô solitude ! Épouse sans visage, Toi qui l’étreins d’un bras de velours noir, Ton vide habité est son seul paysage, Sa seule chair, son éternel miroir. Nul ne lira dans ses yeux sans tempête Ce naufragé des archipels humains : Son île intime est un roc que n’atteint Ni voile au large, ni cris de la terre. Il marchera jusqu’au seuil de l’aube Avec pour bagage un poids familier, Ayant pour lit l’infini qui l’enrobe, Pour compagne l’ombre de s’oublier.