Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Aziz HEBRI

Le baobab

Il existe en Afrique un arbre auquel je pense fortement
quand dans ma vie je reste impuissant
ou que je devienne impatient,
un arbre qui me rappelle beaucoup de valeurs…

C’est le Baobab…

Il est souvent planté là, au beau milieu du désert.
Seul. Quand on le voit pour la première fois, il impressionne,
il intimide, il est majestueux,
il en impose même par sa taille, son immensité,
tout en lui évoque la puissance.
Tout autour de lui est petit,
tout fait silence.
C’est vrai on reste béat d’admiration, devant cette force,
et en même temps il nous donne cette impression
de douceur et de bien être dés
qu’on se trouve à ses côtés.
Il nous rassure.

Très souvent les voyageurs doutant de la nuit
se sont abrités auprès de lui,
et sur ceux qui l’ont approché de jours
il a étendu ses larges branches feuillues
afin de leur dessiner une ombre reposante.
Les vents et leurs tempêtes n’ont rien pu faire
contre cette arche de Noé sur pied. Heureux ceux qui s’y étaient réfugiés.
Contre la faim et la soif, le tribut des égarés,
il n’a pas tari,
il n’a jamais failli,
il était encore et toujours là. Beaucoup d’hommes pensent alors en le voyant,
qu’il ne peut manquer,
qu’il n’a besoin de rien,
qu’il est invincible.
Je fus l’un d’eux, jusqu’à ce jour où mon sourire s’est éteint...

Je retrouvais mon arbre quelques années plus tard,
de loin je l’ai vu avec bonheur,
il me paraissait encore plus fort
qu’alors,
qui aurait pu l’abattre ?
Ne seraient-ce que les hommes.
J'ai couru,
dans le sable je suis tombé,
mon sourire s’est transformé
en rire quand j’ai repris
ma course de joie. Je savais qu’il me tendait les bras.
Tout s’est arrêté net.
Le rire est redevenu sourire,
grimace, ne laissant que mon souffle s’exprimer.
Un vieux était au pied du Baobab,
son corps étendu, le visage contre le sol,
il ne bougeait pas,
il était mort,
et je ne comprenais pas.
Pas devant mon arbre, mon Baobab n’aurait jamais permis…
L’homme sentant ma présence a ouvert les yeux avec peine

- tu es le génie de l’arbre, j’en étais sûr, tu viens me sauver.

Le vieil homme délirait sûrement,
je l’ai laissé raconter son histoire.
Et j’ai appris que c’était son père déjà qui lui avait montré l’arbre
alors qu’il n’était qu’un enfant, et que pendant plusieurs années
il avait trouvé le Baobab sur son chemin,
qu’il connaissait ses vertus.
Il se trouvait à son pied depuis quatre jours déjà,
espérant trouver un peu d’eau et d’ombre comme toujours,
et qu’il n’aurait jamais cru qu’une telle force
pouvait être affectée aussi par la sécheresse.
Il était venu ici parce qu’il savait pouvoir compter sur Lui
encore une fois,
et ma présence le prouvait d’ailleurs…

J’ai regardé mon arbre,
j’ai regardé l’homme,
tout autour le désert dans mon imaginaire,
s’est peuplé des hommes qui étaient passés par-là.
Le vieil homme m’a demandé à boire,
et je ne l’ai pas entendu
ou je ne voulais plus l’entendre.
J’ai pris mon outre en peau de chèvre et je l’ai vidée
au pied de l’arbre. L’eau a vite pénétré
le sol, avant même que l’homme
qui me traitait de fou ne su en récolter un peu.

Aucun homme n’a jamais pensé que le Baobab,
pouvait avoir besoin un jour ne serais-ce que d’un verre d’eau,
j’ai honte pour tous les hommes
parce que je ne suis qu’un homme….

A mes grands-mères,
A ma mère,