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Auguste Tonnerre

Printemps

  À ta disparition, ma soeur, le ciel ne dispersera plus sa Lumière sur les arbres ; et leurs feuilles grises, leurs bourgeons flétris, me rappelleront combien tes yeux manquent à ma vie. Et ce fleuve sur lequel nous naviguions ensemble ne sera plus qu'une plaine desséchée. Et mes journées, éternels mois de décembre. Enfin morte, me diras-tu :

— Frère, tu dois aimer la mort comme tu aimes la vie ! Réveille-toi ! Regarde bien ! Quand le ciel pourrait te rappeler mes yeux et le soleil ma peau; quand le fleuve pourrait être l’écho de nos deux âmes liées; et quand l’aigle, sur ses ailes déployées, pourrait nous porter sur son dos. 

Et tout se mettra à chanter dans la campagne éthérée — ciel, arbres, fleuves — tout dira tes silences : « je t’aime ! tu le sais, je t’aime je t’aime ! ». Ces silences si lourds de tout ce que tu n’auras pas dit, ces silences du mois de mai. »