Dans les nuages, hésite un flocon A se lancer avec ses compagnons, Dans ce vide de brume et de vent Ou tout s'entrechoquent, terrifiant. Le malingre tremblant, tel l'oisillon, Préfère encore son nid en suspension. Tous, autour de lui sautent gaiement Seuls ou par grappe allègrement, Ses frères de glace tombent Quelle audace, quelle hécatombe ! Imaginent-ils seulement leur destin De gouter aux vertiges aériens ? Qu’y a-t-il en bas de leur course ? Un glacier, une cime pour leur frimousse ? Ou la gueule d'un volcan gigantesque Crachant souffre dans un feu dantesque ? Quelle folie commune à quitter son bord A poursuivre la vie ou épouser la mort ? Notre flocon se recroqueville à cette ronde, Bien lui en prit, car en bas git un monde, Un voile immense et mystérieux Dans lequel tout sombre, silencieux Celui d'un océan d'eau étale, Piège mortel, ogre cannibale, Engloutissant tous les flocons intrépides. Le nôtre s’immobilise dans un vent rapide, Il prend son temps, de l'assurance. C'est bon augure. Bien après, il descendra en gracieuses courbures Sur le plus haut sommet d'une montagne Digne promesse de cocagne.