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Aldebert THEOTIN

Tristesse de l'automne

L’automne arrive comme si on était prêt à pleurer sous un saule pleureur avec ses feuilles desséchées. Elles seront mortes, dans leur totalité, pour finir sur le sol désolant. La pluie de feuilles mortes ravage les cœurs heureux de l’été. Désir d’été inassouvi se retranche dans les ténèbres des remords. Comme si nous n’étions pas d’accord par ce mouvement saisonnier. Comme s’il y avait eu désaccord entre nous et la nature elle-même.

Mais il faut savoir vivre en concordance avec la vitesse de la Mère planète. Même si nous aimons voir pousser les fruits des orangers, les noix des cocotiers, les raisins des vignes et surtout les roses rouges et tulipes du grand printemps. C’est la vie et ses saisons. La Terre fait bien le tour du soleil. C’est la coutume de toute planète de notre galaxie. Ça a toujours été comme ça et cela ne changera jamais.

Attendre que les ramasseurs de feuilles fassent leur travail à la fois laborieux et délicat. Abîmer les feuilles mortes n’est pas un refrain enchantant. Il n’est pas important de s’y accrocher. Les pucerons sont morts de faim. Tant mieux. Vous mangerez plus tard chers cloportes inopportuns. Vous êtes tristes, nous aussi. Alors laissez nous dans notre démangeaison oculaire. Et mangez les brindilles du chanvre. Ça vous ravivera.

Sur l’assise de mon cœur, je pleure. Mais j’ai le réconfort des chants des mouettes de la Seine. Ils chantent ou coassent je ne sais pas trop. En tout cas, ils me font rappeler mes toutes premières vacances à la mer. Nostalgie de la plage perpignanaise me fait chaud au cœur. Les vagues n’étaient pas monotones mais plutôt vagabondes, virevoltantes même, et parfois même insoutenables. Mouillés, nous étions rentrés à Paris où tout fait gris. Où la pollution est d’une mesure impensable.

Enfant, nous ne pleurons pas même en saison d’automne. Même pas les feuilles décolorées, ni les fleurs sans couleurs quasi fanées. Nous faisons que chanter, danser, jouer et étudier malgré tout. La tristesse enfantine passe très rapidement. La larme enfantine ne se clone pas. La tristesse nous touche puis se retire immédiatement. Etre enfant, c’est un peu tout oublier du jour au lendemain. Et ça, c’est formidablement grandiose. Une âme d’enfant réside en nous ; elle qui demande à être éveillée au grand jour.

Des insectes, des herbivores, des carnivores, tous les êtres vivants peuvent naître en automne. Mais mon chien sera du signe du Lion. Il sera le Soleil des vivants domestiques. Mais je m’en fiche au fond. L’important c’est de naitre quand l’on veut. Au mois qui appartient aux ascendants, et qui nous appartiendra par la même. Un mois qui coïncide avec nos attentes en général. En symbiose avec le reste du monde.

L’automne n’est pas une si mauvaise saison. Au moins, il fait moins chaud. Les températures sont bonnes dans une tiédeur qui convienne à la peau nordiste mais pas à la peau du nudiste. Ce dernier est avide de chaleur qu’elle soit charnelle ou ambiante. Mais parfois les degrés descendent assez bas et le parisien que je suis n’est plus si enchanté. Jamais content de l’atmosphère, je décompresse en pensant à des amours passés.

Mon cœur est de l’ambre. Il a cristallisé un amour. Très difficile de l’enlever, je le regarde avec ses facettes orangées quand je suis dans une tristesse plus ou moins démesurée. Elle me réconforte dans ses moments durs, lourds et malheureux. Et puis, plus le temps passe, plus la sève des arbres cristallisent des moments inoubliables. Le cœur n’oublie pas, mais quand même est capable de guérir des moments désagréables.

D’autres moments à partager bourgeonneront. Des domaines crâniens seront construits au fil du temps. Des contretemps. Des retards. Du temps à décompter. Les secondes, les minutes, les heures, les mois, les années défilent tels des chenilles ou des mille-pattes qui passent leur patte l’une après l’autre. C’est à la fois long et court. Je prépare mes plans pour des lendemains d’automne. Parfois pluvieux, je me redresse et les reporte pour un autre jour.

Des jours ensoleillés, je m’y attends comme un enfant qui attend les vacances d’été. Espérant qu’ils pourraient me réchauffer. Mon cœur froid sur ma main froide se tient devant l’astre. Des nuages l’obscurcissent. Je patiente. Ils partent. J’ai enfin la main chaude sur mon cœur réchauffé. Le sourire se tend sur mon visage attendri par tant de lumière. L’automne prendra fin mais l’hiver sera au rendez vous comme toujours. Noël et ses cadeaux, ses fêtes et ses sapins, mais toujours la froidure mais les cœurs se réchaufferont auprès des bûches chocolatées à n’en plus finir.