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Aldebert THEOTIN

La routine illusoire

Des bricoles achetées, des débris jetés, du brie mangé. Quel monde qui part en vadrouille vers un quotidien routinier. La routine se tonifie, elle prend de l’âge comme un bon vieux vin de bourgogne. Elle vieillit comme un soir où on ne veut plus boire. Boire à la santé des soldats partis au front ? Mais leur routine c’est guerre factice, paix indolore, et réconciliation immorale. Que de mots à vomir sur le parterre d’un champ assommé.

Relire les manuscrits d’une illustre ancienneté pour se remémorer les bons dits. Que dira-t-on quand la consommation sera à une hauteur de mille pieds ? Avoir plus et encore plus, avoir pour avoir, d’accord, d’accord, mettons nous d’accord sur l’envie du surplus, les désirs convoités, sur la volonté enviée. Envieux consommateurs tournent à la ristourne. Quelle manière d’acheter les choses. Acheter puis jeter, consommer et con en somme.

L’extravagance détournée de la royauté va pour les gens de bon marché. Le marché bat son plein au petit matin déjà. Il réussit dans toute sa splendeur dans sa proposition faite aux personnes assidues de bon pain. Avec haleine, elles courent vers les magasins. Et les magazines font leur publicité. Publicité lue comme du papier buvard, un peu voire trop bavard ; et parfois en retard, nous le lisons pour connaitre les tendances chocolatées. Désuètes tendances pauvre de vous. La mode n’a pas le temps pour les déserteurs. Elle vole aussi vite qu’un faucon vers son vêtement investi dans une accélération model.

Regarder les vitrines. Les lécher de telle façon que votre langue devienne rugueuse. Les vitrines en construction sont attendues par la communauté. Nous les attendons comme nous attendons un roi. Royaume de la communication se dit roi pour le peuple, pauvre peuple. Alléchante proposition est parfois acceptée. Puis regret, puis révolté. Des fois refus de l’injonction et de l’expression vendeuse.

Mais invaincue dans leur communication, les entreprises cherchent d’autres proies. Le rapace, quel rapace celui là. Il dévore tout même la carcasse. Moisissures assurées. Calvities préparées. Décollage imminent vers l’illusion de la consommation. A quoi ça sert ? Chausser son pied, se rhabiller sur son trente et un, la cravate, le costume. Encore une image que nous devinons devant ce miroir aux mille facettes, encore une apparence sur la scène de la gloire consommatrice.

Mémoire des images illusoires, revoir des dessins déjà vus, des peintures et bavures dans le musée des mille achats. Et puis voilà le chat qui passe par là, il a une envie de croquettes. Il ne veut pas nécessairement du luxe mais il le mérite, tellement il fait rien dans son coin, tellement il ronronne sur sa couronne en dentelle. Rien de le voir manger, on en raffole. On voudrait devenir félin à notre tour. Se prélasser à l’ombre du showbiz.
Show bizness, le rêve absolu de tout client de Paris Match. Luxure, fière allure, grande armure, des tatouages sur les murs, une réussite sûre. Les désirs d’un simple habitant dans la norme des choses. Etre normal ce n’est plus normal. Votre voiture sera ma voiture. Mais votre cœur peut-il être mien ? Vous rigolez, vous le volez aussi. Quel est votre flambeau ici bas ? La démesure, je crois. Pas de crainte, je vous le grefferai comme « sapé comme jamais ». Il sera vôtre si seulement vous étiez dans mon cœur. Ô chers voisins du dessous.

Je vous entends avec vos envies de gloire. Recherchez la gloire dans vos mains. Prenez le temps de bien les regarder. Remarquez comme vous pouvez être talentueux. Mettez votre douance au service de votre pays. Consommez si vous le voulez. Mais bon dieu, changez de routine. Illusoire routine qu’elle soit maudite à vos creux. Qu’elle soit exorcisée. Elle vous mange, vous dévore, et vous ne voyez plus rien. Vous ne voyez pas votre jardin intérieur. Vous devenez vide à mesure de consommation rapide et sans réflexion ni raison.

Je le conçois : la consommation procure un plaisir. Elle occupe notre temps. Mais L’argent dépensé tombe entre les mains des avares. Comprenez-vous. Leur compte fructifie à mesure que vous achetez et il s’en fiche de votre carte adorée. Il s’en fiche de votre pourriture d’esprit consommatrice. Votre cognition est dans le brouillard. Perdue dans l’illusion. Dans ce triangle des Bermudes, tout se perd. Vous perdrez tout. Même votre cœur. Votre cœur qui au départ était sans orgueil ni gourmandise. Vous serez sans cœur dans cette roue infernale de la routine illusoire. Alors cherchez le meilleur en vous-même, et cela se trouve dans votre cœur. A bon entendeur salut.