Il est certains soirs où, comme ressuscité de l'ombre Dans un décor où flottent de puériles imperfections En florissantes images qui se répandent en nombre, A demi éveillé, je songe à d'anciennes séductions :
Je revois les naissants trésors de coquettes ingénues Rougissant de plaire... Mais cherchant à séduire ! Ces contours opulents, ces peaux veloutées et nues Grisaient mon cœur d'émois difficiles à traduire
Ponctuant de rires moqueurs mes désirs ambitieux, Des jouvencelles - précieusement embourgeoisées Ont logé dans la mansarde de mon âme : un délicieux Égrènement de chimères patiemment apprivoisées
Plus d'une fois, j'ai pleuré mon éternelle naïveté Lorsqu'en symbole énervé d'immaturité amoureuse Je me laissais plaindre, puis aimer avec brièveté Faisant de ma jeunesse : une fresque douloureuse
Et, ce soir encore, je conjugue -aimer- à l'imparfait ! Les pièges tendus, les remous nébuleux des plaisirs Et cet amour immense pas toujours partagé, ont fait : Un sarcophage capitonné pour mes vieux souvenirs.