Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l'entends, Ferai-je encore ici plus longue demeurance, Ou si j'irai revoir les campagnes de France, Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?
Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps A me repaître en vain d'une longue espérance : Et si je veux ailleurs fonder mon assurance, Je fraude mon labeur du loyer que j'attends.
Mais faut-il vivre ainsi d'une espérance vaine ? Mais faut-il perdre ainsi bien trois ans de ma peine ? Je ne bougerai donc. Non, non, je m'en irai.
Je demourrai pourtant, si tu le me conseilles. Hélas, mon cher Morel, dis-moi que je ferai, Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles.